Les coalitions, kézako ?
Isabelle Guinaudeau
5 Mars 2022
Contrairement à un gouvernement monopartisan, un gouvernement de coalition réunit plusieurs partis politiques qui s’entendent pour gouverner ensemble. Où trouve-t-on des gouvernements de coalition ? Qu’est-ce que cela fait comme différence ?
Ce type de gouvernement est incontournable dans les systèmes parlementaires qui utilisent un mode de scrutin proportionnel [lien pour renvoyer au billet sur le mode de scrutin] pour leurs élections. Dans ce système, le nombre de sièges de chaque parti reflète assez fidèlement son score aux élections législatives, ce qui permet aux petits partis d’être représentés par quelques élus. Il est alors le plus souvent impossible de former une majorité sans allier les forces de plusieurs partis.
L’Allemagne a fourni très récemment un exemple : les élections législatives de septembre 2021 n’ont donné de majorité à aucun parti, ni à aucune des coalitions « naturelles » de gauche (parti social-démocrate SPD / parti écologiste Die Grünen) et de centre-droite (parti chrétien-démocrate CDU / parti libéral FDP). Les négociations ont débouché sur la formation d’une coalition à trois associant le SPD, les écologistes et les libéraux. Les trois partis ont négocié âprement la distribution des ministères, mais aussi les lignes politiques pour les années à venir, fixées dans un « contrat de coalition ».
Les coalitions gouvernementales existent en France, mais prennent une forme tout à fait différente. Le mode de scrutin majoritaire utilisé pour les élections législatives produit généralement des majorités : le parti majoritaire peut décider de s’associer avec d’autres partis pour former le gouvernement, mais il n’a pas besoin d’eux. Finalement, le moment principal où ces partis plus petits peuvent peser est celui de la campagne pour les législatives.
Les partis proches les uns des autres en termes d’idées, comme par exemple à gauche le parti socialiste et EELV, ont intérêt à conclure des accords électoraux pour se répartir certaines circonscriptions. En ne mettant pas leurs candidats en concurrence, ils peuvent éviter l’éparpillement de leurs voix et augmenter leurs chances de remporter le siège. Les petits partis peuvent obtenir des concessions politiques sur des dossiers très ponctuels, mais il n’y a pas de « contrat de coalition » comparable à ceux des systèmes parlementaires.
Une fois les élections passées, les « petits » partenaires qui rejoignent la coalition gouvernementale ont peu de poids. Ils reçoivent un ou deux portefeuilles ministériels et peuvent menacer de quitter le gouvernement si certaines lignes rouges sont franchies, mais n’ont pas d’influence structurante sur les politiques adoptées.